Mon père se tait. Il a des mains magnifiques. L'existence ne les a pas scellées dans les noeuds de la survie. La parole de mon père, ce sont ses mains. Elles donnent forme et utilité à la matière : vannerie, menuiserie, jardinage, maçonnerie, charpente, huisserie, palombière sous les pins, etc. Souvent il se réveillait au matin en disant qu'il avait trouvé ce qu'il cherchait. Puis il s'en allait créer un outil, appliquer une solution à un problème rencontré. S'il était né en Inde, il y aurait peut-être connu Anil K. Guptal ou Bunker Roy. Sa vie en aurait été différente. Anil K. Guptal, banquier de formation, a créé Honeybee, un cabinet spécialisé qui protège les innovations des pauvres par des brevets. Cette initiative démontre l'incomplétude de la pyramide de Maslow, sociologue étatsunien qui, vers 1940, théorisa que l'humain n'accède à la créativité qu'une fois après avoir satisfait ses besoins premiers. Comme les Indiens pauvres, mon père est la démonstration du contraire.
Centrées sur l'événement et la narration, la plupart des paroles produites par les médias comme par les individus, relate et renforce une perception réductrice de nos vies, la négativité, la violence. Souvent, elles contribuent à la répétition des situations. Nourri par les expériences de son auteur, ce livre révèle l'émergence d'une parole constructive, au coeur des sociétés humaines. Une parole utile, porteuse d'humanité, combattante et généreuse à la fois, dédiée aux avènements de nouvelles formes du monde, au service des générations futures. Une parole capable de franchir les crises et de relever les défis de l'avenir.
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