Le silence de Denise Bergon me taraudait. Pourquoi n'accepter qu'en toute discrétion l'hommage de ces soixante-dix enfants juifs qu'elle avait cachés dans son minuscule couvent de Massip, en Aveyron, pendant les années noires de l'Occupation ?
Je crois comprendre aujourd'hui... Vous aviez raison de demeurer dans l'ombre, car cela se passe de tout discours. Vous n'aviez pas de cause à défendre, car ce qui vous a fait agir, ce qui vous fait vivre encore, c'est tout simplement le sens de l'humanité. Peut-être existe-t-il aussi un amour sans condition et une vérité trop humble pour se dire.
Oui, j'ai compris cela, et cette autre vérité : ma mère était réfugiée dans vos murs, et le catholique que je suis vous doit la vie, la vie juive qui se taisait en lui sous le poids des morts.
Alors vous avez accepté de me parler, plus qu'à votre confesseur dites-vous en riant... Le couvent a fermé, l'école a été vendue, mais votre histoire et l'histoire des enfants se tissent à nouveau en leur mille et un éclats joyeux ou tragiques.
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