Lorsqu'il formule, à la veille de la Seconde Guerre Mondiale, sa théorie du processus de civilisation, Norbert Elias (1897-1990) n'est pas sans mesurer le caractère profondément idéologique, et donc ambigu, du concept de civilisation. Le développer en tant que «concept empirique idéologiquement neutre et concept clé d'une théorie des processus civilisateurs» tel est néanmoins, l'objectif qui se fixe alors, à charge pour la sociologie des processus qu'il met en œuvre d'en fonder l'usage scientifique. C'est un choix qu'Elias maintiendra jusque dans ses derniers écrits. Bien plus, il fera de sa théorie du processus de civilisation la clé de voûte de la conception qu'il développe du lien social, la question de la formation de l'habitus civilisé, et celle plus largement de l'autocontrainte, occupant une place significative dans l'ensemble de ses travaux. Comment construit-il cette problématique de l'autocontrainte qu'il considère comme la pièce maîtresse de la régulation des affects et des pulsions à laquelle l'homme moderne est si fortement assujetti ? En quoi l'aide-t-elle à penser tant le rapport à la violence, que le rapport au temps, au sport, à la musique, à la mort ou encore à l'exclusion sociale ? Quelle lecture, enfin, propose-t-il - au travers de cette conception reprise dans son Etude sur les Allemands -, du nazisme, de la guerre et des camps de concentration ? Après avoir consacré un premier volume aux orientations théoriques de l'œuvre d'Elias ainsi qu'à ses présupposés épistémologiques (Norbert Elias. Une sociologie des processus), ce sont les travaux plus empiriques du sociologue, et leurs questionnements fondamentaux, que l'auteur interroge.
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