Au printemps 1994, le monde est stupéfié par les images du déchaînement de
fureur et de violence qui s'est emparé d'un petit pays africain, au coeur de la
région des Grands Lacs, le Rwanda : les corps d'hommes, de femmes et d'enfants
tués à la machette, les charniers dans des villages vidés de leurs habitants, les
figures des rescapés horriblement mutilés et traumatisés, les populations fuyant
vers l'ouest... Jamais le continent noir n'avait connu des massacres d'une telle
ampleur.
Très vite, les médias opposent victimes, les Tutsis, et bourreaux, les Hutus ; et
ils désignent les coupables de cette folie meurtrière sans précédent, qualifiée de
génocide : la communauté internationale, qui n'a rien fait, dont la mission
(Minuar) a même réduit ses effectifs à la veille de l'embrasement général du pays ;
et, en premier lieu, la France, soutien du président Habyarimana, qui aurait
formé les milices Interahamwe qui ont traqué systématiquement les Tutsis.
Son opération militaire (Turquoise), décidée tardivement, n'aurait servi qu'à
masquer sa compromission «néo-colonialiste» avec le régime génocidaire. Ainsi
l'histoire se fige-t-elle dans une version voulue et imposée par le vainqueur : Paul
Kagame, le «libérateur», chef des rebelles tutsis du Front patriotique rwandais
(FPR).
Cependant, cette thèse présente une faille : le déclenchement des massacres,
au lendemain de l'attentat du 6 avril 1994, au cours duquel l'avion du président
rwandais fut abattu. Qui a tué Juvénal Habyarimana, président du Rwanda ? La
question resurgit aujourd'hui, plus de dix ans après les faits, mais cette fois-ci
elle trouve une réponse : des mercenaires à la solde du FPR de Kagame, selon le
juge Bruguière, qui s'apprête à clore son instruction. Ce ne sont donc pas les
extrémistes hutus du régime Habyarimana qui ont prémédité ce coup d'État et
ses monstrueuses conséquences.
Ainsi toute l'histoire du génocide serait-elle à reconsidérer, et Paul Kagame,
aujourd'hui président du Rwanda, apparaîtrait-il comme le plus grand criminel
de guerre en vie. Pierre Péan démontre que le génocide de 1994 ne fut qu'un
épisode dans une guerre civile et régionale ignorée, plus meurtrière encore,
voulue depuis octobre 1990. Le FPR était prêt à tout pour conquérir le pouvoir à
Kigali, y compris à sacrifier Hutus et Tutsis.
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