«Je mourrai à soixante-dix ans, parce qu'après ce n'est que de la douleur.»
Et c'est à soixante-dix ans que Nina Simone s'éteint, le 21 avril 2003, dans
le sud de la France, après une vie de soupirs et merveilles, souffrance et exaltation,
combats et exil.
Née dans l'Amérique des années 30, Eunice Waymon, génie précoce, rêve
de devenir la première concertiste classique noire, mais se voit refuser l'entrée
au Conservatoire en raison de sa couleur de peau. Devenue chanteuse de jazz
par défaut, elle est obligée de prendre un pseudonyme pour jouer ce que
sa mère pasteur appelle la «musique du diable» et se baptise Nina (enfant,
en espagnol) Simone (comme Simone Signoret, qu'elle admire). Une icône
va naître.
Elle qui se rêvait en égale de Maria Callas fut une enfant sacrifiée, une pianiste
prodige, une militante engagée corps et âme dans la lutte pour
la libération des Noirs, une interprète visionnaire, une sorcière africaine,
une femme abîmée dans sa quête éperdue de l'amour. Une femme utilisée,
trompée, brisée mais jamais résignée, alors même que son existence s'effritait
peu à peu, lutte après lutte.
De la Caroline du Nord à New York, de la Barbade au Liberia, de Genève
à Amsterdam, d'Aix en Provence à Carry-le-Rouet où elle mourut, la vie
de Nina Simone fut un long voyage à la recherche d'une sérénité qui toujours
lui fut refusée.
Enrichi par les témoignages de ses proches et par des entretiens inédits avec
des figures marquantes de la vie musicale et intellectuelle du XXe siècle,
le livre de David Brun-Lambert offre pour la première fois un tableau
du destin nébuleux et romanesque de la dernière grande diva du siècle,
précipitée vers une fin tragique qu'aucun romancier n'aurait pu inventer
aussi justement que la vie elle-même.
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