Rarement livre aura à ce point été au coeur de tous les grands débats historiographiques,
intellectuels et politiques depuis sa première parution en
1983. Malgré la virulence du front du refus opposé à l'origine par certains
historiens, il s'est imposé comme une référence majeure pour l'histoire du
fascisme et de la catastrophe européenne du XXe siècle.
De quoi s'agit-il ?
Enfermés dans le schéma des trois droites (légitimiste, orléaniste, bonapartiste),
nombre d'historiens soutenaient que la France avait été, par sa culture
républicaine, rationaliste, universaliste et humaniste, immunisée contre le
fascisme ; en sorte que le régime de Pétain, appuyé sur l'Action française,
était un ultime sursaut de la droite légitimiste.
Zeev Sternhell fait exploser littéralement ce mur de l'oubli. D'abord, en
révélant l'existence en France dès le XIXe siècle d'une droite révolutionnaire,
organiciste, particulariste, irrationaliste, antidémocratique et antihumaniste
(La droite révolutionnaire 1885-1914. Les origines françaises du fascisme,
Folio Histoire n° 85). Puis, avec cet ouvrage, en mesurant l'ampleur, dans
l'entre-deux-guerres, de la contamination des intellectuels - quand bien
même l'occupation nazie en fera basculer plus d'un dans la Résistance
- par cette droite révolutionnaire et sa révolte contre la République et la
démocratie.
Vichy est un pur produit de l'histoire nationale ; son essence se trouve
dans cette droite révolutionnaire qui réussit à légitimer chez les meilleurs
esprits l'idée qu'il fallait inventer une autre forme de communauté nationale
autour du Chef et des chevaleries d'experts. La guerre froide et l'enrôlement
des intellectuels dans les deux camps effaceront chez d'aucuns le
souvenir de ces textes, voire blanchiront d'authentiques collaborateurs en
penseurs libéraux.
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