Il est de bon ton de parler d'accouchement sans douleur
comme si cela devenait une évidence et nous permettait de
fait d'omettre celle qui met le bébé au monde.
Ici, dans ces pages, nous pesons la chair de la maman, son
attente, son coeur. Nous écoutons sa plainte, sa souffrance
liées à son bonheur. Ici, dans ces lignes, sont retracées les
vies in utero de Paul et Marie.
Ici, nous savons pourquoi, face à un choix, ni la science ni
la loi ne répondent à ce questionnement : «pourquoi je
donne la vie», «pourquoi je donne le sommeil». C'est vrai,
il y a des ombres qui soignent avec une haute conscience
professionnelle, des médecins qui auscultent, un matériel
sophistiqué qui soutient un état stationnaire de santé. Mais la
patiente est une femme de chair, de plaies, d'amour, de
famille, de paroles, d'attente, d'espoirs, de douleurs. Elle
porte en attente deux enfants dont un ne pourra aller au
terme du premier souffle.
On ne peut ni quantifier ni se poser en moraliste quand
cette femme, Sibylle, nous fait partager son choix et les
instants de la lente séparation qu'elle veut retarder et que
pourtant elle sait inexorable. Elle vit doublement dans son
ventre, un ventre qui se gonfle vers une mer sans fond, une
table où l'eau est létale et la médecine de la vie lui ôte celle
du trisomique 21.
Peut-être qu'un jour Caroline Langlois pansera l'image
de la blessure de l'accouchée et son souffle alors fortifiera
notre coeur d'homme.
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