Il existe sans doute entre Giordano Bruno et Spinoza une «affinité élective» qui dépasse toute tentative d'établir une filiation philologique ou une dérivation textuelle entre les deux auteurs. En effet, indépendamment d'une certaine «convergence» biographique (la persécution de la part des autorités politiques et religieuses, l'exil, la renommée sulfureuse des écrits), Giordano Bruno et Spinoza partagent des problématiques et des questionnements philosophiques d'une grande envergure conceptuelle.
En effet, au-delà d'une herméneutique d'origine idéaliste et historiciste visant à souligner une forte homogénéité conceptuelle entre Giordano Bruno et Spinoza, il nous semble que ces deux auteurs tentent de répondre à une même question, extrêmement précise: quelles sont les conséquences anthropologiques de l'infinitisation de la nature? Cette question est pour ainsi dire immanente aux thématiques et aux tensions qui gouvernent leur philosophie respective et en même temps elle est implicite aux contenus et aux débats caractérisant la culture philosophique de leur époque.
Les conséquences anthropologiques de l'infinitisation de la nature deviennent particulièrement évidentes, aussi bien chez Bruno que chez Spinoza, lorsqu'on se focalise sur la notion de «puissance». Que signifie d'abord l'affirmation d'une puissance infinie au sein d'un univers infini, autrement dit d'une productivité naturelle inépuisable abolissant les principes de la transcendance divine? Que signifie penser Dieu dans les choses? La théorie de l'immanence oblige ainsi Bruno et Spinoza à inscrire cette puissance dans l'effectivité même du réel et à définir les propriétés et les caractères d'une productivité infinie agissant à l'intérieur des processus naturels et façonnant par là la totalité de l'univers.
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