La police est une institution ambiguë, caractérisée à la fois comme
une pratique gouvernementale et comme une fonction auxiliaire
du pouvoir judiciaire. La complexité de cette notion, qui surgit au
croisement des activités sociales, de la politique et du droit, sans
oublier l'imaginaire forgé par la littérature, a toujours gêné les juristes
et les historiens. Comment et dans quelles circonstances historiques le
modèle normatif de la police s'est-il structuré ? Quel genre de techniques
a-t-il mis en place ? Comment a-t-il évolué pendant la période
cruciale de la fin de l'Ancien Régime aux premières décennies du
XIXe siècle ? Et enfin, quel mode administratif a-t-il élaboré de sorte
qu'aujourd'hui encore, nous sommes en mesure d'en tirer quelque
profit pour comprendre l'actualité ?
Dans ce livre, fruit de longues années de recherches, Paolo Napoli
étudie comment la police moderne s'invente à cette période charnière,
la fin de l'Ancien Régime et la Révolution française. Il restitue la diversité
des mesures réglementaires et la richesse des travaux théoriques,
juridiques notamment, qui s'efforcent de penser le modèle policier à la
lumière des évolutions politiques, sociales et culturelles fondamentales.
Paolo Napoli montre que le modèle policier, avec sa diligence et sa
minutie, reste absolument fondamental pour comprendre l'État-providence.
Ainsi, derrière le très contemporain «principe de précaution» se
cache une histoire longue de techniques policières, de dispositifs
préventifs affectant la vie matérielle et morale des hommes. De même,
si l'on s'interroge sur la manière dont la notion de «sécurité» perd sa
connotation exclusivement psychologique pour acquérir une dimension
objective, mesurable et donc gérable, c'est toujours l'oeuvre des dispositifs
policiers qu'il faut regarder.
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