Les Rothschild, les usuriers, les deux cents familles, voilà des figures mythiques et diabolisées par l'antisémitisme. Alimentant forces légendes, elles hantent l'imaginaire des Français du XIXe jusqu'à fort avant dans le XXe siècle. Elles sont détentrices d'argent et il leur est reproché de s'en servir pour exercer une domination sociale voire politique.
L'argent a acquis une dimension magique tout au long de l'histoire. Il est censé permettre d'accéder au bonheur. C'est la grande utopie des pionniers des Caisses d'Épargne. La carence d'argent terrorise tellement les contemporains qu'ils en viennent à faire d'une partie des pauvres des « riches déguisés ». Allant à contre-courant des lieux communs quant à la nécessité d'en posséder, Charles Péguy en arrive au début du XXe siècle à faire l'éloge de la pauvreté, proposant en quelque sorte un mythe dans le mythe. Quant aux partenaires de la controverse sur la fonction des banques à la même époque, ils trouvent subtile d'adopter les surnoms mythiques de Lysis et de Testis.
En visitant et revisitant ces mythologies de l'argent, sans prétendre à l'exhaustivité, cet essai contribue à nous introduire aux sensibilités contemporaines.
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