Mythologie du code Napoléon
Aux soubassements de la France moderne
Le Code civil français, à son état naissant de « Code Napoléon » (1804 et alentour), est sujet, après coup, à deux types de méprise.
On peut penser d'abord, qu'il n'est qu'une affaire de technique juridique, donc de spécialistes. Or la classe politique qui l'a élaboré, au lendemain du séisme révolutionnaire, a vu là beaucoup plus. Elle a vu en lui un instrument déterminant de définitive restructuration sociopolitique de l'État français. Au fondement de ce Code, on a donc une idée directrice impliquant, en dernière analyse, tous les aspects de la vie humaine individuelle et collective. Les vrais ressorts de l'entreprise, en conséquence, sont culturels et ils se rattachent à une ample histoire des mentalités.
On a pensé ensuite, et l'on enseigne encore, que les auteurs du Code civil ont eu de la nature humaine une vision très haute et très « spiritualiste ». La réalité apparaît différente. Ils héritent des Lumières une image appauvrie de la nature humaine (tendances mécanistes et matérialistes). Et il se trouve que cette image est de surcroît très assombrie par l'expérience traumatisante des années difficiles de la Révolution, que voulait clore, précisément, le Code civil, en irriguant d'une énergique autorité toutes les veinules du corps social.
Il y a donc sur ces deux points, et spécialement quant au second, une réelle mythologie du Code civil, dont le présent ouvrage, abondamment nourri, durant de longues années, aux sources de l'époque, a voulu proposer une élucidation.
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