En écrivant l'histoire de la province moogha (Burkina Faso) du point de
vue des autochtones, ce livre souhaite redresser l'image que jusqu'ici l'histoire
écrite a retenue. Un des axes de la compréhension de la société moogha
est la complémentarité entre deux groupes : les autochtones, et les gens venus
d'ailleurs, les étrangers, fondateurs avec les autochtones, du Moogho, «le Pays»,
«le Monde» tel qu'il existe aujourd'hui. La société moogha a pour visée un
équilibre entre ces deux groupes, même si, dans la pratique, on observe généralement
un déséquilibre dans un sens ou dans un autre. La colonisation française
a eu notamment pour effet de renforcer le pouvoir de la force puisque les
Blancs apparaissaient eux-mêmes comme des enfants de la force. Cependant, à
Silaléba, village moogha où l'auteur a été «adopté», et où il a réalisé l'essentiel de
ses recherches, le pouvoir des autochtones reste plus important que celui des enfants
de la force. On peut penser qu'il est surprenant qu'au XXIe siècle, on puisse
encore recueillir vivante cette tradition millénaire alors que certains écrivaient
déjà, il y a quelque quarante ans, «Ainsi on a assassiné tous les Moose...».
C'est l'étrange force de la coutume de survivre dans des temps aussi troubles que
ceux-ci, alors même que les forces de la dissolution n'ont jamais été aussi puissantes.
À Silaléba, on sent encore son souffle... elle vit encore.
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