Bufalino est un lecteur solitaire, un sédentaire solfiant des mémoires
et qui, en voyage en une chambre fermée, d'un claquement de doigts exorcise
un instant le temps et la mort et, d'une conjuration, ramène en vie,
entre les évanescences d'une lanterne magique et d'un théâtre d'ombres,
les «cires perdues» [...] d'une communauté disparue.
Le clocher de la bourgade est un simulacre affectivement complice. Il
se dresse à l'ouverture du livre et, droit comme un berger, surveille un
«troupeau de toits et de seuils». Le voyageur se retourne, regarde avec
«peine» depuis son «train». Il décline un «adieu» aussi déchirant que
celui de Lucia dans les Fiancés. Dans l'encadrement de la fenêtre se compose
et se résume tout un blanc village comme, aux yeux de Lucie, une
fuite de «blanches éparses maisons», un défilé doux et ordonné de «brebis
paissant». Dans la confiante solidarité de l'écrivain avec les ombres, et
les lieux, les voix, s'apaise le royaume stygien d'une mémoire «consanguine».
Et vraiment le village retrouve la paix - sans cette ride de dépit
baroque qu'avait la ville dans le Guépard de Tomasi di Lampedusa : «la
torve Palerme... s'étendait apaisée autour des Couvents, semblable à un
troupeau aux pieds des bergers»
Salvatore Silvano Nigro
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