Voilà trois histoires qui se contaminent en ayant pour dessein de n’en dire qu’une. Cette histoire, c’est celle d’une Trinité constituée par Andrée, Robert et le fils.
Ce fils raconte, de sa propre naissance à la mort de sa mère, la fabrication d’une espèce de famille qui tient bon en dépit des éclats, des égarements, des déroutes, grandioses. En dépit aussi des croyances et des visions d’Andrée. Car c’est elle, femme-volcan éprise de liberté, être tout en fureurs, qui trace la destinée commune. Le fils l’a vue en fuite, emportée par des amours imaginaires, puis, toujours, l’a vue revenir. Il l’a vue guérisseuse, médium, inspirée, mais aussi chanteuse de variétés, femme moderne et femme de tête, missionnée, insurrectionnelle et toujours entendue. Il l’a vue aimée par Robert, cet homme-rocher dont l’existence semée de deuils en fait pourtant la cheville ouvrière de cette étrange association familiale. Le fils n’a pas vu la chute finale, il aurait pu la prédire et entendre cette ritournelle, ce « Salut la compagnie ! » dont Andrée usait comme d’une menace, cette fois-ci bien réelle.
Hanté par le sentiment de la tragédie imminente, Mother déploie, au présent et en trois axes, une trajectoire clanique autant que familiale toujours imprévisible, en livrant un portrait de la folie qui donne à l’écriture toute son énergie et sa nécessité, et dont souvent on s’arrache par la tendresse et un rire salvateur.
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