Rachilde (1860-1953)
"Mademoiselle de Vénérande cherchait à tâtons une porte dans l’étroit couloir indiqué par le concierge.
Ce septième étage n’était pas éclairé du tout, et la peur lui venait de tomber brusquement au milieu d’un taudis mal famé, quand elle pensa à son étui à cigarettes, qui contenait ce qu’il fallait pour avoir un peu de lumière. À la lueur d’une allumette, elle découvrit le numéro 10 et lut cette pancarte :
MARIE SILVERT, fleuriste, dessinateur.
Puis, la clef étant sur la porte, elle entra ; mais, sur le seuil, une odeur de pommes cuisant la prit à la gorge et l’arrêta net. Nulle odeur ne lui était plus odieuse que celle des pommes ; aussi fut-ce avec un frisson de dégoût qu’avant de révéler sa présence elle examina la mansarde.
Assis à une table où fumait une lampe sur un poêlon graisseux, un homme, paraissant absorbé dans un travail très minutieux, tournait le dos à la porte. Autour de son torse, sur sa blouse flottante, courait en spirale une guirlande de roses, des roses fort larges de satin chair velouté de grenat, qui lui passaient entre les jambes, filaient jusqu’aux épaules et venaient s’enrouler au col. À sa droite se dressait une gerbe de giroflées des murailles, et, à sa gauche, une touffe de violettes."
Raoule, jeune femme de la haute société, élevée par une tante conservatrice, s'ennuie. Elle rencontre Jacques, un jeune fleuriste plutôt androgyne, et décide d'en faire son amant ou plutôt sa maîtresse en inversant les genres...
Ce roman fut l'objet de scandales lors de ses sorties, en 1884 et 1889.
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