L'oeuvre de Monfreid, très autobiographique, se lit
comme un roman. Mais, le faux et le vrai se mêlent,
surtout quand le héros - lui - a souvent le beau rôle.
Ce pourrait être une première raison de ne pas aimer
Monfreid. Il y en a mille autres encore : il a vécu du
trafic de drogue ; il assure ne pas s'être livré à la traite
des noirs, mais, là où il vivait, la frontière était
étroite entre esclave et serviteur ; le trafiquant d'armes
qu'il fut peut-il garantir n'avoir jamais traité avec
l'ennemi ? Toutes ses femmes, européennes ou indigènes,
les a-t-il rendues heureuses ? Les a-t-il même
aimées ? Quelle dureté avec certains de ses enfants !
Où sont passés les tableaux de Gauguin ? Combien de
ses employeurs Monfreid a-t-il volé ? N'a-t-il pas du
sang sur les mains ? Opiomane, converti à l'islam, initié
à la franc-maçonnerie, peut-il être érigé en modèle ?
Ce «Qui suis-je ?» Monfreid montre que l'auteur des
Secrets de la mer Rouge symbolise le génie propre à
un Européen, qui, fût-il seul, plongé dans un univers
totalement étranger et hostile, sait triompher. Monfreid
donne cette leçon de courage : prison, fortune,
prison, fortune, prison ; les séquences se succèdent,
mais, toujours, il relève la tête. C'est bien une sorte de
héros, malgré tout. Un homme à admirer. Et à lire.
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