Ce livre part d'un double constat : entre le Molière que les recherches littéraires des dernières décennies ont permis d’appréhender au plus près et le Molière constitué par la postérité, il existe des écarts considérables. Les jugements sur Molière et les interprétations de son théâtre, transmis par l’institution scolaire depuis la fin du xixe siècle, sont largement tributaires de ces écarts qui se sont constitués et creusés dès le lendemain de sa mort (1673). Par ailleurs, l’histoire littéraire s’est longtemps plu, et se plaît parfois encore, à susciter une opposition irréductible entre les romantiques – dont Hugo, Vigny, Dumas, Musset, Gautier, Sand – et les « classiques » – parmi lesquels Molière, considéré comme tel depuis le xviiie siècle. Or on sait aujourd’hui que les romantiques ne s’opposent pas aux auteurs classiques, bien au contraire.
En s’appuyant sur les recherches les plus récentes en histoire du théâtre des xviie-xixe siècles, les spécialistes ici réunis ont étudié comment l'œuvre de Molière fut perçue et reçue au xixe siècle, en particulier à la Comédie-Française, mais également à l'étranger ; comment celle-ci fut éditée, regroupée, vendue, lue et enseignée ; comment, enfin, l'image de l'écrivain ainsi que la célébration de ses œuvres et de ses anniversaires furent-elles utilisées, notamment à des fins idéologiques.
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