Molière aux éclats
Le rire de Molière et la joie
« L'allégresse du coeur s'augmente à la répandre », lit-on dans L'École des femmes. Tel est peut-être le mot d'ordre qui inspire en profondeur l'oeuvre de Molière. Son rire éclate et porte la joie. Il éclate dans les deux sens du terme. Éclater, c'est d'abord exploser, jaillir, se répandre, mais c'est aussi briller, irradier, resplendir. Ce rire fait éclater les dogmatismes et les despotismes, en même temps qu'il éclate d'énergie et de santé. Molière demande avant tout, pour ses pièces, de « continuels éclats de rire ». Ces éclats s'accompagnent de joie, d'une dilatation du corps et de l'esprit.
La joie du rire moliéresque, vivifiée par l'éros des jeunes gens et la gaieté inventive des valets et des servantes, oppose l'ouverture, la confiance et la légèreté à l'enfermement, à la pesanteur et à la sclérose. Elle disloque le carcan des conventions sociales quand elles se grippent et deviennent synonymes de tristesse et de paralysie, quand elles servent les intérêts de vieux pères égoïstes ou de pervers qui intriguent avec hypocrisie. Elle a besoin d'excès et d'hyperbole, car elle est une ivresse dionysiaque qui exalte et se propage de manière contagieuse.
Voilà sans doute des évidences ! Mais nous nous sommes efforcé de ne jamais les perdre de vue. Notre approche, essentiellement psychologique et anthropologique, n'est ni érudite ni historique. Elle est plutôt existentielle. À
partir de notre expérience actuelle du rire et de l'oeuvre moliéresque, il s'agit de mettre en évidence leur caractère tonique et transgressif, d'échapper à une conception trop moralisante ou satirique, bref d'appréhender la dynamique du rire lorsqu'il nous rend plus heureux.
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