Maurice Arnoult est un des derniers artisans bottiers de Belleville, autrefois le grand centre de la fabrication de la chaussure de luxe parisienne.
Installé depuis 1937 dans une des plus anciennes maisons du quartier, il a reçu Michel Bloit tous les vendredis pendant plus d'un an pour lui raconter sa vie.
Né dans une ferme de la vallée du Loing en 1908, apprenti bottier dès l'âge de 14 ans dans quatre ateliers successifs à Belleville, il s'initie à toutes les finesses du métier, au milieu d'Italiens, d'Arméniens, de Roumains et de quelques Français. Enfant privé d'école en raison d'une longue maladie, il participe, vers 1920, à une sorte d'université populaire siégeant dans les arrière-salles des cafés de Belleville où, en quelques années des professeurs bénévoles le hissent au niveau d'une licence de philosophie. Il côtoie l'Islam en 1928 avec les tirailleurs algériens, lors de son service militaire. La grande crise des années trente lui fait connaître la misère et la révolte. En 1937, il s'installe à son compte.
Mobilisé en septembre 1939 comme pionnier-construeteur de fortins à la frontière lorraine, il est fait prisonnier mais réussit à se faire libérer après avoir appris la mort de sa femme. De retour à Belleville à la mi-1941, il découvre le marché noir, la collaboration et l'horreur des déportations. Après la Libération, il connaît les Trente Glorieuses tout en restant artisan indépendant. Seul Français de son immeuble, il en devient l'écrivain public, intermédiaire bénévole entre la population immigrée et les administrations. Reconnu comme un des derniers grands témoins d'une époque révolue, il est souvent sollicité par les médias.
Il se lie d'amitié avec Jean Guéhenno, fils de bottier.
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