Dans toutes les mobilisations sociales de la période récente, l’implication des femmes est forte et, pourtant, à chaque fois, elle surprend. Leur présence est interprétée comme le signe d’une contestation exceptionnelle. En réalité, ce qui mérite l’étonnement, c’est qu’on oublie leur participation. Car les femmes ont toujours pris la parole et la rue, avec des modalités d’action singulières.
De la figure de la « ménagère » des Trente Glorieuses, à celle des « Rosies » dans les récentes manifestations contre la réforme des retraites, Fanny Gallot revisite le passé des luttes sociales depuis 1945. Elle montre comment les modalités d’action et les revendications ont pu évoluer au fil des décennies, sous l’influence des mouvements féministes et de l’écho qu’ils ont rencontré auprès des organisations syndicales.
La question du « travail reproductif » est au cœur de ces luttes. Que l’on dénonce sa « déqualification » lorsqu’il est exercé dans le domaine professionnel ou son « invisibilisation » quand il désigne les tâches domestiques accomplies quotidiennement, il est au centre des débats, des revendications et des actions. En tenir compte, tenter d’en discerner les contours est un puissant levier d’action pour les luttes passées, présentes et à venir.
Fanny Gallot est historienne, spécialiste des mouvements sociaux, du syndicalisme et des féminismes, membre du Centre de recherche en histoire européenne comparée (CRHEC). Elle a notamment publié En découdre. Comment les ouvrières ont révolutionné le travail et la société (La Découverte, 2015).
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