Mexique profond. Une civilisation niée est de ces livres qui marquent leur temps. Publié en 1987 et régulièrement réédité en espagnol, quand il ne circule pas sous forme de photocopies tel un samizdat, cet ouvrage repose sur une thèse simple : il existe deux pays au Mexique, le pays imaginaire et le pays profond. Le premier, fruit de la domination coloniale, régit tous les aspects de la vie publique et a refoulé le second, celui des peuples indigènes, dans les limbes de l'histoire. Le Mexique imaginaire, irréel, ne cesse de se projeter dans un futur fantasmatique tandis que le Mexique profond porte la mémoire de cinq siècles de révoltes et de répressions. L'horizon historique de ce livre est celui d'un conflit séculaire entre deux pans de la réalité.
Les analyses avancées avec audace à la fin des années 1980 par Guillermo Bonfil Batalla devinrent vingt ans plus tard l'apanage de toute une génération de jeunes, indigènes ou métis, que les reflets du Mexique imaginaire ne faisaient plus rêver. La thèse centrale de ce livre allait nourrir ceux et celles qui, loin d'avoir renoncé aux luttes, entreprenaient de reconfigurer ces dernières depuis les terres des communautés indigènes, luttes qui sont autant d'éclaircies dans un Mexique profond désormais vécu comme une utopie concrète en devenir.
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