En 1240, l'Europe médiévale est bouleversée par l'invasion des descendants de Gengis-khan, rebaptisés « Tartares » en raison de leur cruauté inhumaine qui les rapproche de démons issus du Tartaros, l'abîme infernal. À partir de ce moment-là, l'Occident, oscillant entre la peur et la fascination, n'a eu de cesse de creuser le « mythe des Tartares », despotes sanguinaires pour quelques-uns, souverains modèles pour d'autres. Cet essai analyse pour la première fois le changement de l'image des Mongols gengiskhanides dans la littérature européenne en langue allemande, anglaise, française et italienne, en dressant de nombreux parallèles avec les arts. Il se concentre sur la représentation de trois figures - la horde tartare, Gengis-khan et Khoubilaï-khan - à une époque, le XXe siècle, marquée par la remise en question, suite aux guerres mondiales et aux totalitarismes, du concept de barbarie et par de nouvelles études historiques et philologiques sur les Mongols. En croisant l'histoire des idées et l'analyse critique des textes, il examine comment quelques-uns des écrivains majeurs de l'Occident - dont Pascoli, Buzzati, Pound, Bauchau, Jünger, Calvino et maints autres - ont projeté sur des figures éloignées dans le temps et dans l'espace les problématiques de l'homme contemporain.
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