Au retour de la Grande Guerre, le sous-officier d'infanterie Pierre Drieu la Rochelle s'interroge sur la victoire des Alliés, dans laquelle
il ne voit qu'un trompe-l'oeil. Jeune auteur de
27 ans, issu d'une famille nationaliste et conservatrice d'origine normande, il s'émeut des faiblesses de la France, posant ainsi les limites du
nationalisme intégral, cher aux partisans de
Charles Maurras. Démontrant l'incapacité
française à se régénérer humainement, il s'interroge, au-delà du fait national, sur le devenir
de la puissance des nations.
Dans la première partie de Mesure de la France,
il consacre de larges développements à la dénatalité qui frappe son pays, véritable suicide
(un « crime », dénonce-t-il). S'il a fallu la moitié
de la planète pour vaincre l'Allemagne, qu'aurait pu la France seule ?
Dans la seconde partie de l'essai, le déclin démographique français l'amène à s'interroger sur
la puissance des nations, fondée sur la seule notion de Production, stade final du besoin économique. Il cherche les responsabilités des
acteurs institutionnels, politiques et religieux
de l'époque. Pour sauver la France, il en appelle
à de véritables « Alliances », fruits d'unions nationales, consenties sur un pied d'égalité en
temps de paix, et non issues de guerres mortifères pour le continent européen.
Cet essai annonce les prochaines oeuvres de
Drieu, Le Jeune Européen et Genève ou Moscou,
dans lesquelles il fera clairement le choix d'une
« autre voie », celle de l'Europe.
Mesure de la France, tout en proposant des
pistes de réflexion, n'en délivre pas moins un
message pessimiste : l'Europe n'a pas vécu la
« der des der », comme certains, les plus nombreux, aimeraient à le croire, mais la « Première
Guerre ». La suite de l'Histoire, avec la Seconde
Guerre mondiale, lui donnera raison.
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