Sans mémoire, pas de salut. Pour accéder à la
vie éternelle, les fidèles de la fin du Moyen Âge
s'appliquaient à multiplier les intercesseurs qui
prieraient pour leur âme. Commémoraisons diverses,
messes anniversaires ou fondations de chapelles, toutes
ces pratiques de memoria sont des élements essentiels de
la religion médiévale.
Mais la memoria ne relève pas seulement de la
piété : parce qu'elle crée des liens entre tous ses acteurs
- fondateurs, clercs, héritiers, exécuteurs testamentaires,
spectateurs -, elle est un véritable «phénomène social
total», avec des dimensions religieuse, mais aussi culturelle, sociale
et politique. Aussi cet ouvrage aborde-t-il la question des rapports
entre l'appartenance à une communauté urbaine et ces pratiques,
en articulant les notions d'intercession, distinction sociale et religion
civique.
À Ratisbonne, ville libre, important centre de commerce, mais en
crise au XVe siècle, dirigée par un patriciat composé surtout de grands
négociants, la memoria est inséparable de l'identité urbaine. La cité
est la scène principale où se déploie la mémoire de ses bourgeois,
et les fondations pieuses unifient et marquent l'espace urbain. C'est
bien pourquoi les autorités municipales se sentent concernées par la
memoria bourgeoise, et qu'un groupe dominant, à travers la politique
du Conseil, cherche à l'orienter et à la façonner.
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