Medusa
Prohaska, peintre, photographe et cinéaste allemand, a une telle présence que l'on est souvent tenté de chercher sa trace sur Internet. Mais outre qu'il s'agit d'un être de fiction, cette quête serait vaine car Prohaska a pris soin de supprimer tous les témoignages concernant son aspect physique, allant jusqu'à interdire à ses proches d'évoquer son apparence. C'est donc l'oeil d'un homme invisible collé à l'objectif neutre de son appareil photo ou de sa caméra qui filmera les images les plus insoutenables des horreurs du Troisième Reich - exécutions, charniers, expériences sur l'homme - et plus tard les massacres et les désastres dont le monde n'est pas avare : enfants morts de faim en Estrémadure dans les premières années du franquisme, carnages sous les dictatures d'Amérique du Sud. Mais l'art peut-il aller si loin sans se faire le complice du mal dont il témoigne et, dans l'effroi que suscite la vision de l'atrocité, n'y a-t-il pas une part de voyeurisme voire d'obscures jouissances ? Toutes ces questions, l'auteur les pose à travers le destin d'un artiste qui n'est pas un monstre d'insensibilité et qui, pourtant, telle la Méduse antique, craint de rencontrer son image comme s'il ne pouvait se regarder en face sans périr.
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