Le 14 septembre 2011, dans l'émission de Laure Adler Hors
champ sur France Culture, Jean-Luc Godard tenait les propos
suivants : «Question : Expliquez-nous la différence entre du
cinéma vrai et des films, faire des films. Réponse : Les films on
peut les voir, le cinéma on ne peut pas le voir. On peut juste voir
ce qu'on ne peut pas voir... de l'inconnu ou des choses comme
cela... Question : C'est cela que vous tentez de faire ? approcher
de l'invisible... Réponse : Ce qu'on fait naturellement, ce que font
beaucoup d'écrivains à leur manière. Quand j'étais adolescent, l'un
des premiers livres qui m'avaient touché, c'est un livre de Maurice
Blanchot... je ne connaissais rien à la philosophie et à toute cette
école... c'était un livre qui s'appelait Thomas l'Obscur... voilà
c'est Thomas l'Obscur...»
Le 28 janvier 1942, à la sortie de Thomas l'Obscur, Thierry
Maulnier faisait le commentaire suivant dans sa chronique
littéraire : «Le premier roman de M. Maurice Blanchot constitue
à n'en pas douter une des expériences les plus subtiles et les plus
audacieuses qui aient été faites depuis longtemps pour faire dire
aux mots plus ou autre chose que ce qu'ils ont coutume de dire
dans leur emploi habituel.»
Deux témoignages différents mais la même intuition sur un
auteur à part qui a marqué toute une génération d'écrivains.
L'intention de cet ouvrage collectif sur les romans et récits de
Maurice Blanchot est justement de creuser cet informulé dans
le connu du mot, autrement dit la manière dont l'écriture de
Blanchot pose la question de l'invention du langage à travers l'acte
de nomination : comprendre le combat que livre Thomas avec,
pour ou contre le mot.
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