Matin de lumière
Matin de lumière est une danse, une transe, un labyrinthe, une partie de chasse. Sa voix résonne, creuse et déterre des morceaux, nous entraîne dans des paysages qui se succèdent comme des tableaux créés par le vent, apparaissent et disparaissent, reviennent en boucle.
Cette parole déployée par-delà les montagnes, dans une zone en bordure du monde, c'est d'abord celle d'un personnage qui marche pieds nus dans la neige en portant sur son dos le cadavre d'un homme - peut-être celui de sa propre histoire - et qui s'attache à ne laisser derrière lui aucune trace.
Tour à tour, cette voix s'intègre à d'autres corps et d'autres masques, des apparitions plus ou moins vivantes ou fantomatiques, qui évoluent dans des espaces qui sont tous animés par un mouvement.
Que ce soit par des déplacements purement géographiques comme ceux qu'évoquent le passage de frontières, l'appropriation de territoires et les pas d'un homme, ou à travers des migrations plus symboliques comme celles de cet homme qui se heurte aux limites de son identité en explorant son enfance et ses origines, ce mouvement est avant tout celui de quelqu'un qui tente de résister.
Résister pour ne pas se soumettre à sa propre espèce, au pouvoir, au système et à la machine, questionner son rapport à l'autre, à la religion, aux croyances, à l'amour et aux liens du sang, et continuer d'avancer pieds nus dans la neige gelée avec la conviction de pouvoir un jour, un matin de lumière, apprendre à danser sous le soleil et dans le ciel, pour former un monde en soi, un monde parfait.
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