«Marthe, Marthe, tu te soucies et t'agites pour beaucoup de choses ; pourtant il en faut peu, une seule même. C'est Marie qui a choisi la bonne part : elle ne lui sera pas enlevée.» La réponse du Christ à Marthe qui s'affaire quand Marie, elle, a choisi de l'écouter, est l'une des scènes les plus connues de l'Evangile.
Pour méditer cet épisode et en restituer la profondeur, trois auteurs réunissent ici leurs voix : un philosophe, un bibliste et un historien de l'art.
Jean-Louis Chrétien fait l'inventaire des grandes interprétations de cette scène, d'Origène et saint Augustin à Thérèse d'Avila et Bérulle en passant par Maître Eckhart : entre Marthe l'active et Marie la contemplative, ce sont moins deux attitudes qui s'opposent, que deux réponses à la venue du Christ qui concordent, et font de la modeste demeure de Béthanie le premier «château de l'âme». Guy Lafon fait coexister la multiplicité, dans laquelle Marthe risque de se perdre, et l'unité que Marie, très unie à sa sœur, ressaisit dans son accueil passionné du Christ. Etienne Jollet, étudiant des œuvres de Aertsen, Tintoret, Vélasquez et Vermeer situe le thème dans le cadre du Concile de Trente et de la controverse de la justification par les œuvres ou par la foi ; une évolution s'y repère dans le sens d'une dignité plus grande conférée à Marthe, magnifiant ainsi l'humilité et la charité, par lesquelles la grandeur de Dieu triomphe de la misère du monde.
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