Marseille et la mer
Hommes et environnement marin (XVIIIe-XXe siècle)
Souvent évoqué sous les traits d'une galéjade, le monde marin à Marseille est régulièrement associé au verbe haut de ses poissonnières ou à la sardine qui aurait bouché l'entrée du Vieux-Port. La maîtrise du golfe de Marseille a pourtant longtemps été l'objet d'une âpre concurrence. Celle-ci s'aiguise au XVIIIe siècle, opposant violemment patrons marseillais, pêcheurs espagnols et marins napolitains. Soumises à une exploitation trop intensive, certaines espèces ne sont plus que rarement observées dans les mers marseillaises lorsque s'achèvent les temps révolutionnaires. La certitude d'un appauvrissement inexorable des espaces marins gagne alors progressivement les populations littorales. Elle ne quittera plus le port jusqu'à la veille de la Première Guerre mondiale.
Cette obsession du déclin trouve son apparente confirmation dans les blessures assénées par l'industrialisation aux fragiles écosystèmes de l'étage infralittoral. Comblée par les rejets des savonneries, une partie des espaces traditionnels de la pêche à pied disparaît avant 1850. Les gens de mer expriment au même moment une hostilité croissante à l'égard de ces autres habitants du golfe que sont les représentants de la mégafaune marine. Phoques, dauphins et marsouins sont les victimes désignées de campagnes de destruction facilitées par les procédés nouveaux de la révolution industrielle.
La mémoire des richesses marines du passé est cependant préservée. Dès les premières décennies du XVIIIe siècle, savants et collectionneurs ont patiemment inventorié chacune des espèces peuplant le golfe, faisant de Marseille l'un des berceaux de l'histoire de l'océanologie. Renouant avec ce passé prestigieux, le développement de l'université moderne dans la deuxième moitié du XIXe siècle permet à la ville de devenir l'une des capitales européennes des sciences de la mer.
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