Les qualités du cuir travaillé au Maroc lui ont conféré une très large renommée qui a
imprimé durablement sa marque dans la langue française : la maroquinerie désigne encore
de nos jours l'industrie des cuirs fins.
À Fès, à Marrakech, à Tetouan, les artisans ont conservé des procédés immémoriaux de
tannage, qui étaient les seuls connus en Occident à la fin du XIXe siècle et qu'on découvre
ici avec surprise. Ils sont fascinants pour les traditions qu'ils représentent, autant que pour
les croyances occultes qui entouraient leur mise en oeuvre...
Le cuir est d'abord utilisé pour la réalisation de nombreux objets utilitaires marocains
mais, dans beaucoup de cas, l'observateur est séduit par le sens artistique raffiné des
artisans anonymes qui les ont créés et ornementés. La peau a fourni aussi des parchemins
où, depuis l'Antiquité, les arts merveilleux de la calligraphie et de l'enluminure se sont
exprimés avec un talent incomparable, et elle reste au Maroc la membrane vibrante d'une
floraison d'instruments de musique.
Marie-Rose Rabaté, dont les ouvrages sur les bijoux et les textiles traditionnels marocains
font autorité, nous conduit ici sur les chemins des métamorphoses des peaux et des cuirs,
depuis les tanneries séculaires jusqu'aux objets les plus précieux dont s'enorgueillissent à
juste titre les musées et les collectionneurs.
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