« L'Histoire, cette poétesse. »
Le bourreau s'y reprit à trois fois pour lui couper la tête. Reine de France éphémère, puis tragique reine d'Écosse, Marie Stuart a cristallisé toutes les passions et son existence mouvementée suscita les interprétations les plus contradictoires : victime, inspiratrice de Du Bellay et de Ronsard, enchanteresse car toute de grâce physique et intellectuelle, défenseure du catholicisme mais respectueuse de la Réforme, selon les uns ; pécheresse, adultère et meurtrière, sans honneur même maternel, effroyable papiste, selon les autres. Entre fiction narrative et vérité historique, Stefan Zweig cherche à son tour à percer le mystère de cette femme politique en proie aux préjugés, emportée par ses émotions et ses pulsions, et qui lui en rappelle une autre, Marie-Antoinette, guillotinée en 1793. Vaincue, Marie Stuart entrera dans l'Histoire. Au moment de poser la tête sur billot, écrit-il, « aucune de ses paroles, aucun de ses gestes n'exprime la crainte. La fille des Stuart, des Tudor, des Guise s'est dignement préparée à la mort ». Difficile de ne pas penser à la fin de Zweig lui-même, tandis que s'effondraient toutes les valeurs qui avaient constitué son monde.
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