Née à Sancoins, dans le Cher, le 7 juillet 1863, Marguerite Audoux a tout
pour ne pas connaître la célébrité. Alors qu'elle n'a que trois ans,
sa mère meurt de la tuberculose, et le père, qui ne supporte pas son veuvage,
abandonne ses deux filles. Marguerite, séparée de sa soeur Madeleine, passe neuf années
à l'orphelinat de Bourges avant d'être placée en Sologne comme bergère d'agneaux
et servante. C'est là qu'elle s'éprend d'Henry Dejoulx, le fils de la fermière.
Le monde paysan est parfois âpre au gain : on craint une mésalliance ;
la petite orpheline est chassée. Suivent vingt années parisiennes, obscures
dans tous les sens du terme, durant lesquelles l'orpheline parfait son apprentissage
de la couture. Dans un petit cahier d'écolière, elle écrit déjà ses souvenirs,
le futur Marie-Claire, que vont découvrir, à l'aube du vingtième siècle,
des écrivains et des artistes placés providentiellement sur sa route. Parmi eux,
Léon-Paul Fargue, Léon Werth et Charles-Louis Philippe. Octave Mirbeau s'enflamme,
et écrit la préface du roman autobiographique qui, le 2 décembre 1910, obtient
le Prix Fémina.
Marie-Claire est donc le récit des dix-huit premières années de la romancière :
l'histoire de l'orpheline et de la bergère, de la solitude vécue parmi les religieuses
puis au plus profond des forêts et, dans la blessure qui ne cicatrisera jamais,
d'un premier amour arraché à l'adolescence. Les faits, à peine déformés,
sont sublimement narrés dans un style minimaliste et cristallin.
Ces pages émouvantes, et encore trop oubliées, sont lues ici par une voix tout aussi juste,
qui s'accorde parfaitement à la magie du texte, celle d'Arantza Urrejola.
Bernard-Marie Garreau
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