Mari d'Ingrid
Paul Henry dit que Mari d'Ingrid est « un livre de fantômes » (ainsi du mystérieux voyageur du poème titre qui, confondu avec un autre, commence à suivre à travers la ville son nouvel alter ego, la première personne de Entre deux ponts, toute une nuit), un livre du « désir et (de) la perte d'amour », la quête et l'égarement d'amour. Cette poésie, fortement enracinée dans le quotidien, n'en révèle pas moins le sacré qui se cache derrière chaque geste, chaque mot. Le « fantôme » c'est le présent réminiscent (et le poète se délivre ainsi de sa souffrance), c'est l'image secrète de notre vie, que le poète saisit dans le chaos des sens et des sons, cette image tragique qui résume notre historicité. Comme cette « procession de moines... dans leurs habits de bruine » la nuit où la mère de l'auteur est morte. L'image fait resurgir la longue durée, le souvenir instable d'une perte sans réserve et d'une tragédie presque ludique. Le poème nous donne accès à la matérialité même, à ces vestiges qui persistent dans le présent et le façonnent, à la « spectralité du temps ». L'image est le revenant et l'oeuvre est l'histoire de la résurrection de l'amour perdu dans l'image. Newport comme Troie reste un fantôme non racheté.
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