L'estran est une lisière mouvante, imprécise, où se dépose provisoirement ce que l'océan veut bien y laisser. C'est un lieu de passage, où nos traces de promeneur seront effacées. C'est un lieu de fortune, où chacun vient chercher sa part de vivant. Il s'y joue le temps, la mémoire, la transition, la présence au monde. C'est là que Laurent Noël, touché lors de longues marches littorales par les formes entrevues dans le goémon d'épave - écritures, signes, sentiments mémoriels le renvoyant à sa propre histoire -, a engagé une nouvelle réflexion sur les rythmes de la nature, analogues, selon lui, à ceux de l'artiste au travail (recommencements incessants, variations sensibles, périodes, évolution en creux, vers l'intérieur, etc.). Les productions des « œuvres de la nature » sont récurrentes (saisons, marées, jour/nuit, etc.), celles de l'esprit le sont souvent tout autant. Cycles naturels rapportés à notre humanité, à l'éphémérité, l'absence, le recommencement, la perte, le souvenir et la crainte de l'oubli, la mémoire des lieux, des êtres et des formes. C'est aussi une recherche sur le mouvement, celui des « gestes » de la nature (les dépôts d'algues tissées sont bien la « conséquence des gestes de l'eau ») reliés à ceux de l'artiste-auteur, qui développera à l'atelier ou à la table d'écriture les notes manuscrites et dessinées relevées au jusant.
tout ce qui se dira à l'atelier se cache déjà dans les pages biffées à la solitude devant l'incertain de macules échouées dans les mouvements des oublis voilés seulement dans les violacés filandreux des thalles perdus coupés d'étoffes et de fils étirés par un dernier délié de la main de la mer qui raconte qui me parle qui se parle qui écrit qui s'écoute murmure parfois ou hurle et jette les varechs comme on crache dans un mépris pour l'ignorance d'un regard qui ne croisera personne
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