Au départ, maraude désigne ce pillage que des soldats exerçaient
sans permission et quelquefois avec permission, puis le terme a visé
l'enlèvement furtif des productions de la terre, notamment le vol
des fruits sur la propriété d'autrui. Aujourd'hui, le mot semble s'être
retourné comme un gant puisque c'est de maraudes que se qualifient
elles-mêmes les tournées des Restos du coeur. Comment ceux qui
tentent d'apporter de l'aide aux personnes échouées hors de toute
propriété pourraient-ils être, eux, les maraudeurs ? Est-ce parce
que ces humanistes, ces bénévoles s'immiscent dans des vies, que la
misère prive justement de vie privée ?
À la question du genre de Maraudes, je ne peux répondre. Il pourrait
s'agir d'un scénario, d'un essai sur le geste cinématographique ou
d'un journal extime. Ce texte, et les images vidéos qu'il raconte, sont
nés dans l'urgence. Celle d'un oeil ouvert pour la première fois sur un
monde inconnu. Celui de la rue, de ceux qui y vivent. La rencontre
du cinéaste avec la marginalité est une révolution intime, dont
l'expression balance entre analyse politique et analyse personnelle.
Au centre, il y a un homme qui disparaît. Une première fois il y a
quatorze ans, quand il plaque tout, quand il «tombe dans la rue».
Une deuxième fois pendant la quête et l'enregistrement des images.
Alors que faire ? Reprendre la caméra, partir à la recherche des
souvenirs, réinvestir les lieux de l'histoire. Ne pas se défiler. Ou alors
abandonner lâchement. Le dire, l'écrire, le penser. Car un film, même
orphelin de son personnage, demeure une promesse faite au monde.
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