Ce que ce Manuel d'instruction civique quelque peu échevelé démontre éloquemment, c'est que l'essentiel se passe désormais ailleurs : les véritables acteurs ne sont plus parmi nous, mais dans la société civile. Partout.
La société civile est, hélas, de retour. Mes pairs le savent bien : politiques, hommes d'Eglise ou de syndicats, sacristains d'appareils ou d'administrations, qui se demandent, tels des Soubise, généraux étonnés et perdus, où sont passés leurs troupes. Chacun se frotte les yeux, comme à la sortie d'un long sommeil morne, en s'apercevant que les sauveurs professionnels, ceux qui vont nous tirer d'affaire, sont tous de sincères menteurs.
La société civile est de retour. Toutes les avancées de la science et de la génétique, de l'exploration spatiale à celle du cerveau, plaident pour l'irrépressible conquête de l'autonomie. Les veaux risquent de devenir de plus en plus irrécupérables. Les voici, en effet, sans alibis ni faux-semblants, face au formidable processus de la vie, avec ses saines ambiguïtés et des bienheureuses incertitudes, ses peurs et ses espoirs, ses bonheurs et ses abîmes.
La société civile est de retour, et pour de bon : qui ignore la fantastique mutation déjà commencée se condamne aux amères déconvenues de la passivité intellectuelle et affective. Nous allons vaincre la gauche, sans nous être débarrassés de la droite. Nous sommes fort aises que la victoire soit proche, mais craignons de ne savoir qu'en faire. Lisons ce livre comme un inventaire des désirs, des attentes et des parcours de ceux dont nous sollicitons les suffrages et dont nous espérons qu'ils nous laisseront batifoler en paix. Ô surprise, ô confirmation : ce mystificateur Bercoff – dont je soupçonne les dilections libertaires – apporte l'irréfutable preuve que les habitants de la maison France ont décidément changé de peau. Sans nous prévenir. Les ingrats.
Caton.
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