Si de récentes flambées de suicides au travail ont ému
l'opinion publique et suscité des témoignages de toutes
sorte, il reste à comprendre qu'elles sont le symptôme
d'un dérèglement plus vaste, plus ancien, qui a commencé
d'atteindre le métabolisme social dès le début
de l'après-guerre pour ne cesser ensuite de se propager
dans le contexte des mutations profondes de la
postmodernité. Pour autant, on aurait tort de prêter à
ce phénomène un caractère involontaire ou accidentel.
Partant d'un terrain d'investigation qu'il a longuement
étudié - le nucléaire -, Jean-Philippe Desbordes
explore les volontés et stratégies managériales qui,
depuis près de cinquante ans, ne cessent d'infiltrer le
monde de l'entreprise pour mécaniser l'humain et plier
ses "ressources" aux exigences d'un économisme de
plus en plus prédateur, jusqu'au sein même de la fonction
publique, c'est-à-dire de l'Etat. On trouvera donc
ici, au-delà des drames singuliers ou des paroles alarmées,
une analyse sur le long terme et des clefs essentielles
pour comprendre le processus en cours.
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