La Malmaison, 1800.
« Allons bon ! qu'est-ce à dire, ma soeur ? demanda Caroline.
- Les cartes ne parlent pas ce soir », répondit Joséphine. Mais un trouble évident démentait ses paroles.
« Je crois moi, reprit Caroline, qu'elles n'ont que trop parlé. J'y ai vu, non pas l'Excuse, mais la Mort ! » Et, s'adressant directement à ma personne, elle ajouta calmement avec ce fiel issu de ses inépuisables réserves : « La faucheuse, à l'évidence, est de votre habituelle compagnie... Père, mère, époux... Maintenant, à qui le tour ?... » Persuadée d'avoir appris par ces mots la mort d'Edmond sur un front de l'armée du Rhin, je fondis en pleurs pour sortir, pâle et défaite, soutenue affectueusement par Hortense et les bras de Rapp toujours prompt à se mettre au service d'autrui.
Dans ma chambre, on chercha vainement Félicie. Hortense fit appel à une chambrière pour aider à me mettre au lit...
Cette nuit, comme lors de ma première nuit à Malmaison et plus distincts encore, des hurlements venus du dehors me glacèrent d'effroi.
Oui, autour d'Éléonor, la lectrice de Joséphine, la mort rode... Sous les lambris, le soir venu, s'agitent les libertins de la secrète Société des Aphrodites auxquels se mêle un ange des ténèbres, sadique et tueur en série. Sous le toit du Premier Consul, personne n'est à l'abri du soupçon et personne en sécurité... Éléonor qui mène son enquête l'apprendra bientôt à ses dépens. C'est elle-même qui raconte...
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