Ce quatrième volume des Analectes traverse l'oeuvre poétique
de Mathieu Bénézet des Dits et Récits du mortel (1977) à
L'Aphonie de Hegel (2000). Il fait suite, d'une certaine manière,
au volume rétrospectif ... Et nous n'apprîmes rien, qui regroupe
les livres écrits avant trente ans. La présente anthologie, dont le
choix incombe à l'auteur, propose, par pans ou par fragments,
certains des poèmes qui ont imposé Mathieu Bénézet comme
l'une des voix non communes du monde poétique moderne ;
ainsi lira-t-on ici des pages de La Fin de l'homme, de l'Ode à
la poésie et de L'Aphonie de Hegel, pour ne citer que trois
des titres les plus fameux de cet auteur. Lequel signale dans
le texte liminaire «le caractère hybride, presque déjanté» de
ses livres ; est-ce pour vouloir inlassablement fondre les figures
d'Orphée et d'Euridyce dans un mythe unique et énergique,
ou par désir propitiatoire d'inscrire sa poésie dans le sillage
rayonnant des poètes qui depuis toujours l'accompagnent :
Hugo, Rimbaud, Mallarmé, Ghil, Breton, Aragon, Frénaud... ?
Le corps auquel se collète Mathieu Bénézet est-il autre chose
que le livre toujours à venir - figure symbolique éclatée, mais
pourtant réelle, dont on ne sait jamais si c'est le poème qui
rassemble dans ses bribes les fragments du vivant ou le
contraire - «morceau de soi détaché» comme l'écrivit Jacques
Derrida à propos des Dits et Récits du mortel. Ici, morceaux
de choix !
François Boddaert
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