C'est à un véritable aggiornamento des idées
reçues que les auteurs nous invitent. Et d'abord sur la crise :
selon eux, la dette des États ne sera jamais remboursée... L'avenir
est ouvert aux règlements de comptes financiers entre nations.
Nous apparaîtront aux yeux du monde non occidental (que nous
considérons besogneux, peuplé d'irresponsables de la concurrence
ou de la pollution) comme d'incroyables malhonnêtes.
N'est-ce pas le moment de faire le bilan de notre domination
séculaire sur le monde ? Et d'étudier les classes sociales, les alliances
et les adaptations incroyablement rapides des bourgeoisies à
l'échelle continentale, ainsi que les désaccords entre ouvriers au
sujet des délocalisés ou des transfuges de l'immigration, les
classes moyennes étant entre les deux, en arbitre...
Les effets du non-remboursement et l'interprétation que les
autres peuples en donneront aggraveront probablement une
incompréhension réciproque. Les occasions de s'expliquer se sont
réduites : la mondialisation ajoute à l'engourdissement des jugements,
un cloisonnement figeant l'échange des idées au profit
de la libre circulation financière et de celle des marchandises. Le
refus de connaître nos voisins, proches ou lointains, nous incite à
leur donner des recommandations confondantes : «Privez-vous»,
«Économisez, épargnez» ! Comment peuvent-ils prendre ça ? Une
plaisanterie ? Une insulte ? Un forfait supplémentaire de notre part ?
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