Grand classique de la littérature néerlandaise, traduit ici en français pour la première fois, le Mai de Gorter est un poème de 4381 vers célébrant l'arrivée du printemps. Aussi simple que ça, mais quel monument !
En dehors des Pays-Bas, Herman Gorter est surtout connu en tant que théoricien marxiste, auteur de « Réponse à Lénine sur La Maladie Infantile Du Communisme » et adhérant passionné du « communisme de conseils ». Mais quand il publie son plus fameux — et monumental — poème en 1889, le futur marxiste n’a que vingt-cinq ans, il est un poète d'une originalité révolutionnaire, et il deviendra le représentant le plus marquant du « Mouvement de quatre-vingts », à l’avant-garde de la littérature de son temps. C’est donc un tout autre aspect de la carrière de Herman Gorter que nous découvrons ici.
Quand il se met à lire « Mai » en public après en avoir terminé la composition, ses auditeurs sont frappés par son style, par une langue originale et très personnelle, pleine de néologismes et de mots inventés, avec une syntaxe étrange qui semble parfois plus proche du grec ancien que du néerlandais moderne. Des poètes et des écrivains dont la réputation est déjà bien établie, Willem Kloos, Albert Verwey et Frederik Van Eeden, le reçoivent chez eux pour des lectures privées. Puis le peintre Van Looy organise des réunions dans son atelier, où pendant trois soirées l’on écoute le jeune homme lire son œuvre en entier. Plus tard le peintre dira : « Ce qui m’a le plus frappé, c’est que le poète de Mai lisait ses vers limpides presque comme si c’était de la prose ! »
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