Ce second volume de l'Anthropologie des milieux techniques est en miroir du premier intitulé Engrenages, où on a considéré de préférence les activités machiniques « en situation matérielle ». Machinations se consacre à leurs langages, classifications, représentations, imaginaires - ce qu'on dit des « techniques » et ce qu'elles-mêmes nous disent. D'où quatre parties, comme dans Engrenages, chacune illustrée d'un exemple : 1. les milieux, les objets, les métiers, l'industrie, le travail en difficultés, l'invention, le bricolage ; 2. la philosophique antique, classique, l'enseignement et la fiction, les techniques orientales ; 3. la médiatisation, l'habitation traditionnelle, l'utopie urbaine, la pollution et le recyclage ; 4. l'automatisation, le hasard, le jeu, l'art et la machine. Ces questions engagent une analyse historique et contemporaine du sens de la « condition technique » et l'hypothèse d'un sujet technique spécifique.
Dans une approche anthropologique critique, on rencontre des débats actuels mais éternels concernant le corps, l'éthique, le rapport sécuritaire à la vie et à la nature, les ambiguïtés de la technoscience, les responsabilités des pouvoirs, les méfaits de l'ignorance. L'histoire des machines, en particulier aux XVIIIe et XIXe siècles, intervient ainsi que l'évolution des « mentalités », de l'outil au numérique : celles du créateur, du décideur, du responsable et de l'« homme ordinaire ».
Les termes Machinations et Stratégies supposent que la « machine » devienne l'otage et le fantôme de ce qu'on nomme « technologie » : plus nous en usons et moins nous la comprenons. Ce qui conditionne le rapport difficile aux autres et à nous-mêmes, en un milieu technique qui garderait ainsi une part de mystère : Peut-on envisager la connaissance et la culture en général sans prendre en compte cette question ?
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