De Nicolas Machiavel (1469-1527), on retient surtout son oeuvre
majeure, Le Prince, et un adjectif, «machiavélique», qui donne de
l'homme une vision négative, déjà initiée par la mise à l'Index de tous
ses ouvrages en 1559.
Pourtant, loin du politique cynique et dépourvu d'idéal que l'on
dépeint volontiers, sa correspondance, sans doute la plus riche et la plus
drôle de la Renaissance, nous dévoile un diplomate tout dévoué à cette
république florentine qu'il servit toute sa vie, soucieux du bien public,
attentif aux bouleversements d'une Italie aux prises avec des guerres
sanglantes et s'interrogeant sur l'attitude à adopter face au déferlement
de l'Europe entière sur son sol natal.
S'appuyant sur les nombreux écrits de Machiavel (lettres, oeuvres
poétiques ou historiques, comédies), Marina Marietti nous fait avec
beaucoup d'élégance le portrait d'un penseur et d'un visionnaire lucide
et tourmenté, qui perçut et raconta son époque avec une rare intelligence
politique. Usant du sarcasme avec un art consommé, envers lui-même
comme envers les puissants qu'il côtoie (les Médicis, les Borgia, le roi
Louis XII), il se livre à une joute épistolaire avec son ami Guichardin,
s'épanchant à l'occasion sur ses infortunes ou sa passion pour une
cantatrice. Profondément patriotique, partisan d'une séparation entre
religion et politique, Machiavel met en garde ses concitoyens contre les
dangers qui les menacent de toutes parts et qui ne peuvent être écartés,
selon lui, par la seule croyance en Dieu. D'où cette notion très moderne
de «nécessité», qui fait loi et domine toute son oeuvre, conférant aux
événements le pouvoir de restreindre les choix possibles de l'homme
d'État et de limiter par là-même son libre arbitre.
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