A vingt-six ans, le jeune romancier plein d'avenir Peter Tarnopol, alter ego de Philip Roth, se demande s'il n'est pas en train de faire de sa vie une défaite irréparable, faute d'avoir jamais misé hardiment sur rien de dangereux ou de difficile. Dédaigneux du bonheur, hanté par le désir d'accomplir un destin, il épouse une femme plus âgée que lui, autrefois violée, deux fois divorcée, psychopathe, dont la vie a été un tissu d'échecs et d'humiliations. Il ne la désire pas, mais elle le fascine, et il veut avec elle se conduire "en homme". Elle le vilipende et le bafoue, des scènes d'une brutalité stupéfiante éclatent entre eux, il la trompe, se met à la haïr et tombe en d'affreuses dépressions, car elle refuse de divorcer et il ne peut plus écrire.
Autobiographie ou roman ? Peter Tarnopol répond lui-même à la question : cette histoire est la sienne. Il a entrepris dix fois, cent fois de la raconter. Il nous en livre trois versions qui sont chacune un tour de force littéraire. Les deux premières sont ouvertement des ouvrages de fiction. La troisième, de loin la plus longue, est censée être l'histoire vraie. L'histoire vraie d'un personnage fictif. Or, il y a tant de vérités : celle de Maureen, l'épouse, celle du psychanalyste, celle du frère, celles, multiples, de l'auteur. Le devoir de pénétrer une vérité subjective-objective qu'il ne peut ni atteindre ni abandonner, tel est le drame de l'écrivain, drame qui fait l'objet, tout autant que l'amour et le mariage, de l'implacable ironie de Philip Roth.
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