Cet ouvrage, destiné aux spécialistes comme au grand public, se propose
de faire revivre certaines des luttes des femmes écossaises au cours du
long XIXe siècle. C'est en effet, au cours de cette période que les femmes,
muettes et marginalisées, ou au mieux discrètes, se saisirent de la parole
pour distendre progressivement les liens de dépendance qui les attachaient
à leur père, leur mari ou leur fils et qu'elles se construisirent une place et
un espace dans les pages de l'Histoire en contestant, de façon concertée,
organisée et structurée, les idéologies de la domesticité et des sphères
séparées, qui les figeaient dans des rôles et des fonctions déterminés.
Certaines de ces femmes affirmèrent que les fonctions «naturelles» des
sexes n'étaient en rien le produit d'un déterminisme biologique mais la
conséquence d'une construction sociale.
Cette conquête de nouveaux droits se heurta à l'idéologie et aux intérêts
de la société patriarcale et généra des confrontations et des conflits. Plus
que toute autre période de l'Histoire, les moments de tensions, de crises
ou de conflits interrogent le tissu idéologique d'un groupe social. Les
ruptures que marquent les conflits permettent à une société de questionner
les valeurs immuables et essentielles qui cimentent sa cohésion et de
redéfinir les rapports entre individus.
L'ambition principale de cet ouvrage est donc d'étudier les mécanismes
par lesquels les femmes rehistoricisèrent l'arbitraire culturel et le discours
essentialiste des sociétés victorienne et édouardienne.
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