D'août 1830 à février 1848, plus de cinquante mille Parisiens,
au sein de la garde nationale, revêtent l'uniforme plusieurs
fois l'an pour goûter aux joies de la patrouille, de la faction
et de la tournée de cartes au corps de garde. Dans les rues
barricadées, ils affrontent à trois reprises les émeutes, parfois
tentés de les rejoindre. L'été, le roi fait parader ses «chers
camarades» pour célébrer l'union du trône et de la milice.
Les républicains ripostent en cherchant à détourner ces solennités,
avant de briguer l'épaulette. Les élections de la garde
parisienne, les plus démocratiques du règne, deviennent les
temps forts de la vie politique. Le garde national entre dans
les romans de Balzac, dans les toiles de la galerie de l'Histoire
de France du nouveau musée de Versailles aussi. Et la milice
bourgeoise, attachée au trône à force de solennités et de
barricades renversées, n'en parvient pas moins à traverser
la révolution de 1848, apparaissant en février comme une
institution républicaine. Pourquoi ? Comment ?
Mathilde Larrère interroge ce symbole du peuple, mémoire
de la révolution et figure de la citoyenneté qu'est la garde
nationale. Elle compose ainsi, à travers le portrait de ces
«bourgeois parisiens», une histoire politique et institutionnelle,
mais aussi sociale, de la Monarchie de Juillet.
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