Le Journal configure notre monde et cherche en même temps à en faire paraître le sens. A cette fin il utilise un régime de langage qui prétend rendre compte de l'événement avec fidélité. Toutefois cette saisie dominante du monde qu'est le journal n'a-t-elle pas donné lieu à des perversions du langage que le grand polémiste viennois n'a cessé de fustiger dans sa revue Die Fackel (Le Flambeau), sous le regard fasciné de nombreux grands esprits de la première moitié du XXe siècle ? Car Kraus a incarné la figure du grand prêtre de la langue et de la vérité face aux dérives et aux déclassements que le journalisme leur a fait subir.
Ce livre, qui n'est pourtant pas une polémique de plus contre le journalisme, voudrait plutôt montrer l'intérêt philosophique de la critique de Kraus, en particulier à travers la lecture serrée qu'en a effectuée Walter Benjamin. D'autant que si le Journal est la philosophie officielle de notre temps, sa modalité contemporaine réussie et mondialisée, alors il faut en toute rigueur s'interroger à nouveaux frais, depuis la vérité du langage, sur ce qu'on entend par événement.
Et ne peut-on en conséquence voir dans la poésie et dans le cinéma des armes critiques pour nous y aider contre le régime dominant du langage qu'est le Journal ? C'est pourquoi on lira ici Kraus avec Mallarmé, Orson Welles et quelques autres grands penseurs du Journal. En somme, il s'agit de comprendre pourquoi il est nécessaire de résister au langage de l'Universel Reportage et à la Magie Noire qu'est la Presse.
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