Nombreux sont aujourd'hui ceux qui considèrent Smara (1932) de
Michel Vieuchange comme «Le» livre parmi ceux qui ont été écrits sur
le désert. Un livre pour ainsi dire arraché à la fournaise et aux sables
par un garçon de vingt-six ans parti se brûler les ailes dans la zone
interdite de l'El-Gaada mauritanien. Un livre qui fascina des esprits
aussi divers que Claudel, Massignon, Cocteau, Paul Bowles ou
Théodore Monod.
Mais sur l'auteur de ce livre, Michel Vieuchange (1904-1930), avouons
qu'on savait peu de chose. Antoine de Meaux, dont ce sont ici les
débuts en littérature, se garde bien - tant mieux - de re-raconter
l'incroyable aventure de Vieuchange au désert (Smara suffit à cela).
Ayant eu accès aux archives de la famille et à nombre de documents
étonnants, il parvient à nous faire revivre comme de l'intérieur
l'itinéraire de ce garçon de bonne famille, promis à ce qu'on appelle un
bel avenir, et qui choisit délibérément de se soumettre à l'épreuve du
pire. Car les photos sont là : en l'espace de quelques saisons, le jeune
homme bien élevé, cravaté, plein de santé, se transmue d'impossible
façon en une sorte de démon ou d'archange, ravagé par l'incendie
intérieur, dardant sur le monde un regard de foudre... D'une image à
l'autre, que s'était-il donc passé ?
C'est à cette question qu'a voulu répondre le livre d'Antoine de
Meaux : «J'ai souhaité rassembler, précise-t-il, les éléments épars
de cette vie, tâcher de comprendre ce que Michel avait tenté de nous
dire en allant se perdre au désert. J'ai été au Maroc, au cimetière
d'Agadir où il repose, et jusqu'à Smara. Ma biographie est en fait une
sorte de pèlerinage, entre quête et enquête, un cheminement vers ce
prodigieux visage de la fin que le temps risquait d'effacer de nos
mémoires, et dont j'étais convaincu qu'il avait un secret à révéler.»
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