Il y a quelque chose de vertigineux dans la vie de Louis-Antoine de Bourbon-Artois, duc d'Angoulême (1775-1844), prince si proche et pourtant toujours si loin du trône. L'histoire et les hommes s'ingénièrent à le laisser en posture de perpétuel héritier, dans l'ombre de ses oncles Louis XVI et Louis XVIII, puis de son père Charles X, et de sa sombre cousine et épouse, l'orpheline du Temple. Fils soumis et un peu niais d'apparence, incapable de prolonger la lignée des Bourbons, aux prises avec des événements trop grands pour lui qui le condamnèrent à l'exil plus de la moitié de sa vie, il montra néanmoins des qualités politiques et militaires en 1814, sous la première Restauration, puis lors de l'expédition d'Espagne de 1823, qui lui valut la réputation de vainqueur du Trocadéro. La révolution de 1830 sonna le glas de ses espérances, d'autant que la perspective d'une succession se reporta sur son neveu le duc de Bordeaux. Il ne fut ainsi formellement Louis XIX que quelques secondes le 2 août 1830, forcé par son père de renoncer à la couronne.
Pourtant, la destinée de ce roi sans royauté, mort à Gorltz en Autriche, très loin d'une France qu'il ne connaissait plus, accompagne et éclaire celle de la monarchie française dans une époque singulièrement tourmentée. Les vaincus de l'histoire ont aussi contribué à l'écriture de celle-ci, à leur façon.
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