Un enfant solitaire et grave hante toute l'œuvre de Louis-René des Forêts. Il est l'image d'une souveraineté perdue, d'une puissance que le langage ne pouvait que trahir. Il est aussi la promesse d'un retour inattendu, le gage d'une part inaliénable où la parole puise le plus vif de sa force. Sur le visage de cet enfant, flotte un sourire mystérieux, comme sur le portrait de Pierre Klossowski enfant qui se trouve à la fin du Malheur au Lido. A la fois grave et joueur, teinté d'une légère et indéfinissable ironie, le visage de cet enfant nous fait face. Il est la preuve d'un moment irrécusable du passé, un fragment du monde déposé par la lumière sur la page blanche. Il est aussi une invitation à la fable. Il est réel ; il est fictif.
Cet enfant est les deux en même temps. Son charme, comme celui de l'œuvre de Louis-René des Forêts, est de maintenir, dans leur antagonisme irréductible, entre souveraineté et ironie, en suivant le volume incertain d'une voix, les potentialités qui sont celles de la littérature quand elle tente de se voir en son miroir truqué et fabuleux.
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